Dans les années 1960, le lycée agricole de Coutances bénéficie, dans le cadre de sa construction, d’un crédit réservé à la création d’au moins une œuvre au titre du 1% artistique.

Le premier programme décoratif établi par les architectes Chauliat comprend une ronde-bosse de Louis Leygue - une sculpture en pierre placée devant un bassin, remplacée par un « Taureau borne » en béton noir ou en ardoise de teinte foncée - ainsi qu’un panneau décoratif de Charles Gianferrari. Jugés trop abstraits, les deux projets sont refusés en avril 1968 par le ministère de l’Agriculture. Le propriétaire du futur établissement souhaite en effet que les œuvres soit facilement accessibles, tant aux élèves du lycée qu'à leur famille et à la profession agricole.

Si Charles Gianferrari se retire du programme - il sera remplacé par Pierre de Berroeta -, Louis Leygue réfléchit à une nouvelle proposition. Il se rallie à la suggestion des architectes, consistant à puiser un modèle dans sa réserve de créations déjà existantes.

L’artiste propose d'exécuter une sculpture en marbre figurant un bovidé, « symbole de l’élevage en Normandie ».
Selon ses mots, elle « offrira la placide et immobile majesté des bêtes qui croissent dans les pâturages de la contrée. Elle alliera les formes très reconnaissables de l’animal, à celles rectilignes des bâtiments environnants ».

Ce projet reçoit l'aval du ministère de l'Agriculture en mars 1969.
Le sculpteur achète un bloc de marbre noir de Louverné dans une carrière près de Laval. C’est là qu’il commence à travailler le matériau d'après ses études préparatoires - dessins et modèles 3D. Il semble qu’il ait eu recours à un praticien* pour sculpter cette œuvre, car il emploie le procédé de la « taille avec mise en point* dans le marbre d’après [un] modèle en plâtre ». Il en exécutera toutefois les finitions.

L’œuvre est installée à la fin de l'année 1969, au centre de la cour d’honneur du lycée. Fixée sur une plate-forme en ciment, elle se compose de trois blocs de marbre superposés. La signature de l’artiste - « Leygue » - est gravée sur le flanc gauche de l’animal.
Oscillant entre abstrait et figuratif, cette sculpture s’inscrit pleinement dans l’œuvre de Louis Leygue, considéré comme l'un des grands artistes animaliers du XXe siècle.

A VOIR : le Taureau avec cornes (1954) et le Taureau borne (1964) créés par Louis Leygue