Chargé de la construction du collège de jeunes filles classique et moderne devenu lycée Marie Curie, Alex Levrat fait appel à Marguerite Lavrillier au début des années 1960 pour exécuter la décoration du nouvel établissement au titre du 1% artistique. L’architecte connait bien cette artiste pour avoir travaillé avec elle à plusieurs reprises, notamment pour la décoration de la faculté de pharmacie à Paris et pour celle du lycée Jean Mermoz à Vire.
Marguerite Lavrillier propose de réaliser une sculpture en pierre de Chauvigny de 2.20 m de haut environ représentant une jeune fille. L’œuvre est destinée à un socle cubique bas, également en pierre, placé au milieu d’un plan d’eau qui formerait un miroir. Cet espace, déjà existant, est situé en bordure de la cour des externes, face à l’une des entrées du lycée donnant sur la rue des Cordeliers.
L’artiste modèle dans l’argile la maquette de son projet. Celui-ci est examiné le 27 juin 1962 par la Commission nationale d’agrément des artistes, qui rend un avis favorable à sa réalisation. Le devis de l'artiste dépassant le montant du crédit alloué au 1% artistique, la taille de la statue est diminuée de 2.20 m à 1.80 m. Un arrêté du 25 juillet 1962 valide officiellement la commande.
La sculptrice a probablement dessiné sa composition avant d’exécuter un modèle préparatoire en plâtre au quart de l’œuvre finale. Puis elle a agrandi ce modèle pour obtenir un modèle intermédiaire, également en plâtre. Celui-ci a été confié à un praticien* qui a dégrossi* le bloc de pierre préalablement commandé, puis l'a sculpté à partir du procédé de la taille avec mise-aux-points - technique consistant à établir des points de repère sur un modèle et à les reporter sur le bloc à sculpter pour faciliter le taillage - afin d'obtenir la figure souhaitée.
Intitulée « L’Étudiante », celle-ci a vraisemblablement été installée dans l’établissement au cours de l’année 1963, puisque l’artiste évaluait à six mois la phase de travail préparatoire.
Entre la présentation de la maquette à la Commission et l’installation de la statue au sein du lycée Marie Curie, Marguerite Lavrillier a modifié son projet. En effet, l’œuvre finale représente une jeune fille tenant un livre dans sa main gauche et posant sa main droite sur un support contre lequel elle s'appuie, alors que la version initiale du projet figure une jeune fille mettant sa main en visière.
Par ailleurs, la statue est fixée sur un socle composé de moellons de granit prenant appui sur le muret encadrant l’ancien plan d’eau, dans lequel la jeune fille se reflétait jusqu’à ce qu’il soit transformé en massif de fleurs.
