Dans les années 1960, l'architecte Henri Delaage fait appel à quatre artistes pour réaliser le programme décoratif qu'il a conçu pour la décoration le lycée Claude Lehec au titre du 1% artistique : Fanny Delaage, Anne Doyon, Jean Muhlethaler et Ilio Signori.
Afin de les orienter dans la réalisation de leur projet respectif, le maître d’ouvrage leur indique le thème - les manifestations de l'esprit humain -, les matériaux ou encore l’emplacement - devant un mur décoratif, à l’extrémité de la cour de récréation - prévus pour son programme. Puis il invite chaque artiste à traiter son sujet selon sa propre expression plastique.

Pour Ilio Signori, le sujet à traduire en volume est « L’homme et la création ».
L’infinité de la création s'étant rapidement imposée à lui, il conçoit des esquisses préliminaires, puis une maquette en plâtre patiné* dont la réalisation est acceptée en juillet 1968 par la commission de la création artistique.

Pendant près d'une année, l'artiste exécute, seul dans son atelier, une sculpture qu'il intitule « L’homme et la création ».
Elle représente une figure humaine, « bien campée sur ses jambes, tendues comme des colonnes, faisant corps avec le sol [comme] un arbre enraciné à la terre ». Au niveau du bassin, son buste se divise en deux parties - comme le tronc d’un arbre selon l’artiste - pour former deux verticales parallèles. Ce parallélisme, créé par les jambes puis par le torse séparés en leur milieu par un vide, est accentué par les bras ouverts et les mains tendues pour évoquer « l’infini de la création ».
Par ailleurs, « les mains, outils de la création, dans une tension extrême, sont au niveau du regard, la volonté du travail créateur. Par un volume inachevé, évidé […] la tête donne à l’ensemble une impression de mystère et de vision forts ». Ce bicéphalisme traduit aussi le double aspect de la recherche : théorie et pratique.

Dans le même esprit que celles de Jean Muhlethaler et d'Anne Doyon, cette sculpture se compose de tôles de cuivre repoussées, martelées et soudées, sur une structure métallique intérieure. Mesurant environ 2.50 m de haut, elle est scellée sur un socle en béton.

Le collège Roy d'Espagne à Marseille possède une œuvre analogue, traduite en bronze. Elle a été commandée en 1969 à l'artiste, à l'issue de la présentation du plâtre de « L’homme et la création » lors de la troisième biennale internationale de sculpture contemporaine organisée en 1968 au musée Rodin.