« Un jeune homme et une jeune fille », dit « Les athlètes », ornent depuis 1957 le portail d’entrée du terrain de sport du lycée Le Verrier, donnant sur le rue Maréchal Leclerc. Ces deux grandes statues en granit de Kersanton sont signées Étienne Rebuffet. Ce sont ses premières réalisations au titre du 1% artistique.

<em />Les Athlètes</em>, Étienne Rebuffet © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Anastasia Anne, 2013

Voici la description qu'en fait Rolf Guillaumot dans son article « Trois artistes décorent le Lycée de Saint-Lô : Couturier, Barta et Rebuffet », paru en 1958 dans la revue Art de Basse-Normandie :

« [C]es deux athlètes se tournent le dos de part et d’autre de l’entrée des pistes et des sautoirs. Dans la posture où les anciens représentaient les fleuves, nos deux gardiens de pierre montent une garde vigilante et immobile sur les jeux des adolescents. Ces figures votives aux divinités de la cendrée et du ballon semblent parfois écrasées entre leur socle imposant de pierres apparentes et un ciel alourdi de nuages.

Maquette de la figure féminine proposée par Étienne Rebuffet. Document Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, cote 19880466/23. © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Sabrina Blanchet

Ils sont deux. Un homme et une femme. Elle regarde vers l’est avec une petite moue gracile sur un torse de sportive. Tout son corps de granit exprime la lutte entre le lyrisme et l’architecture. Une curieuse plante joue avec son visage et introduit un rapport vivant entre les deux tendances de cette composition architecturale et harmonieuse. Rebuffet a recherché « la forme pour la forme » et a dépassé la simple représentation figurative pour créer un style qui n’appartient qu’à lui. Le granit s’adapte au ciel cotentinais et prend bien la pluie et la lumière au gré des saisons. Le temps n’a pas de prise sur cette jeunesse aux épaules larges, aux mains fortes et aux cuisses pleines. Une queue de cheval ramenée en chignon évoque les coiffures hâtives d’avant les matches. L’ensemble est à la fois robuste et gracile, harmonieux et rude. C’est une figure de stade, une jeune fille de plein vent et non une demoiselle pour salon de thé.

<em />Les Athlètes</em> (détail), Étienne Rebuffet © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Anastasia Anne, 2013 <em />Les Athlètes</em> (détail), Étienne Rebuffet © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Anastasia Anne, 2013

Lui est un beau gars au visage immobile et dédaigneux dont le regard vide étonne un peu dans cette face marquée des dures rides de Sparte. La pose est simple mais tout le buste musclé se place de profil et les pectoraux se gonflent dans un mouvement puissant. La main s’attarde négligemment au pli d’un genou, avec l’abandon d’un coureur après l’effort. On imagine au creux de ses paumes robustes le javelot et le disque, le poids et la corde. L’homme semble pourtant très loin de la vanité des records et cherche seulement à se vaincre lui-même. L’oiseau plante de sa propre perfection physique tape de son bec contre sa tempe avec cette pulsation infernale qui semble vouloir faire éclater les veines à la fin de quinze cents mètres. Il est grave comme une statue grecque, calme et puissante. Il se tourne vers l’ouest et hume de ses narines de granit les caresses du soleil couchant qui allument des zébrures de feu sur son torse impeccable ».