Depuis 2007, Emmanuel Aragon écrit des textes pour et dans des lieux. Il s’intéresse aux façons de s’adresser à l’autre et cherche à faire de ses œuvres « des partitions à interpréter, à incarner ».

« Je veux savoir te parler », Emmanuel Aragon © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015

« Je veux savoir te parler » est une installation exécutée d'après un projet proposé en 2010 pour la décoration du lycée Maréchal Leclerc au titre du 1%. Conçu par l'artiste à l’issue de visites de l’établissement, ce projet s’appuie sur trois axes de travail : « la dimension de personne, la relation entre mémoire et expérience du présent, une résonance avec l’architecture ».

« Je veux savoir te dire » (détail), Emmanuel Aragon © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015

Installée dans le lycée en 2012, cette œuvre se compose de vingt fragments de meubles anciens - portes et/ou façades d’armoire, commodes et consoles, plateaux de tables, têtes et fonds de lit - gravés partiellement ou intégralement de textes. Ces gravures ont été exécutées manuellement au ciseau à bois.

Ces textes proviennent de notes préparées par l’artiste pendant plusieurs mois à partir de relevés de conversations, de lectures, de rencontres, de sa vie personnelle, mais aussi d’un travail mené en collaboration avec les élèves lors de sa résidence dans le lycée en 2012.

« Je veux savoir te dire », Emmanuel Aragon © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015

Ce sont des paroles transcrites. Aucun nom n’étant mentionné, elles peuvent émaner de plusieurs personnes ou d’une même personne à des périodes différentes de sa vie. Chaque texte affecte par ailleurs un ton particulier - pensée intérieure, confession, injonction, interrogation… -, une façon de s’adresser à l’autre - vouvoiement, tutoiement, monologue, impératifs…
Ils abordent la question du changement, de l’évolution : le passage entre enfance et âge adulte, la transformation de l’identité, les rencontres et les séparations amoureuses, la famille… Les supports des textes - des meubles anciens -, installés dans une architecture contemporaine s’inscrivant dans le temps présent, renforcent cette notion d’évolution.

« Te porter », Emmanuel Aragon © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015

La provenance des fragments de meubles forment aussi des ensembles cohérents (lit - chevet - armoire ; table - buffet...) rappelant l’habitation.
Ils sont disséminés sur les murs et les plafonds de différents lieux de passages de l'établissement et portent tous un titre : « Je veux savoir te dire » dans le hall d’entrée du lycée (bâtiment A), « Le temps de te saluer » dans le CDI, « Vivre en toi » dans le passage entre les bâtiments B et C (1er étage), « Défaire ta jalousie » dans la coursive du bâtiment B (1er étage), « Je veux savoir te parler » dans le passage entre les bâtiments B et C (rdc) - ces deux fragments jouent le rôle de table d’orientation de l’œuvre, en précisant les titres et lieux des autres fragments dispersés dans les différents bâtiments -, et « Te porter » dans l’escalier du bâtiment C.
Si ces ensembles sont un parallèle à l’architecture abstraite du lycée, ils créent également un lien entre les anciens bâtiments et l'extension de l'établissement.

A CONSULTER : Présentation de « Je veux savoir te parler », transcription des textes gravés et vues d'atelier sur le site de l'artiste