Robert Juvin intervient sur des édifices publics, civils comme religieux - Cheux (Calvados), Alençon (Orne) -, qu’il décore de bas-reliefs et de statues d’inspiration figurative, avant de s’intéresser dans les années soixante à l’intégration des arts plastiques dans l’architecture.
Fondateur et animateur du groupe Mur Vivant* et directeur de la revue éponyme (1er numéro sorti en 1966), il souhaite désormais « faire fusionner tous les arts et les mettre au service de l’architecture ». Il crée son premier mur relief - en 1969 ? - lors des Floralies internationales de Paris.
Ces deux aspects de son œuvre sont visibles dans les créations qu'il réalise au titre du 1% artistique. Membre - désigné par les organisations professionnelles - de la commission nationale de décoration des édifices publics, il est l’auteur de près d’une quarantaine d’œuvres, dont une pour le lycée Jean Jooris à Dives-sur-Mer.

Sans titre, Robert Juvin © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Anastasia Anne, 2013

Dans le cadre de ce dispositif, sollicité en 1965 pour décorer le collège Sévigné à Flers, il sculpte un bas-relief en pierre apposé sur l’un des murs de l’établissement. Sur le thème de la « Vie de la comtesse de Sévigné », il contraste avec l’œuvre qu’il conçoit en 1974 pour le lycée de Dives-sur-Mer, à la demande des architectes Jean Barthe, Jean Merlet et André Schmitz.
Pour les décorations du lycée Jean Jooris et du collège Paul Eluard, érigé sur une parcelle voisine, Robert Juvin renoue avec l'équipe d'architectes avec laquelle il achevait de travailler en 1973 sur le chantier de l’IUT de La Rochelle.

Sans titre (détail), Robert Juvin © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Anastasia Anne, 2013

Le premier projet qu'il présente en 1973 pour le lycée - une animation du sol de la cour de récréation par cinq rosaces composées de prismes triangulaires, ainsi qu’un mur constitué d'éléments cylindriques destiné à dissimuler les hangars à bicyclettes -, est examiné le 30 janvier 1974 par la commission nationale d’agrément des artistes. Seul le mur-écran est accepté - il ne sera finalement pas réalisé, faute de crédit suffisant. La nouvelle étude proposée pour la cour est officiellement validée le 2 août suivant.

Cette animation de sol, qui ne semble pas avoir de titre, se compose de prismes et de modules « plats » - pleins pour ceux au sol, creux pour ceux empilés pour former des reliefs - de forme triangulaire. Ils sont conçus en béton blanc coloré de gravillons ocres et bruns. Ils s'étendent sur une dalle en ciment, creusée de sillons destinés à l’écoulement des eaux de pluie.

Sans titre (détail), Robert Juvin © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Anastasia Anne, 2013

Pour concevoir cette œuvre, installée au sein de l'établissement en 1975, l'artiste a appliqué des procédés qu'il utilise régulièrement dans la réalisation de ses animations de murs, sols, plafonds, etc. :
- emploi d'un matériau commun (et peu onéreux) présentant l’avantage d’être facile d’utilisation
- conception de moules (dans lesquels le béton a été coulé) pour fabriquer en série des formes géométriques simples (quatre modules différents)
- disposition des modules obtenus de façon à créer des creux, des plans et des empilements (s’élevant par endroits à plus d'un mètre de haut).
Ainsi, l’œuvre du lycée Jean Jooris donne du relief et du rythme à la surface plane de la cour de récréation. Elle crée également un jeu de lumière, variant tout au long de la journée.

Cette sculpture rappelle la décoration murale réalisée par l'artiste entre 1969 et 1973 pour la façade du musée de La Poste à Paris.

Pour l’anecdote, les façades préfabriquées des bâtiments du lycée de Dives-sur-Mer - comme celles du lycée Guibray à Falaise et de l’IUT de La Rochelle - sont décorées de formes géométriques triangulaires en 2D rappelant celles de la cour.