Dans son travail, Florence Girardeau cherche à « rendre signifiante toute cassure, toute coupure, toute limite, et [à] générer des connexions au-delà. C’est un réseau. Pas un agrégat mais un ensemble de matière sensible. [Elle] parle du vivant et en reprend la forme » – extrait de « Pour le reste » de Marion Delage de Luget.

Sélectionnée en 2013 pour exécuter une œuvre graphique pour les vitres de la nouvelle salle polyvalente du lycée Lebrun au titre du 1% artistique, l’artiste a proposé de mettre en pratique un procédé qu’elle connait bien : le collage d'images récupérées.

<em />Polarized</em> (détail), Florence Girardeau © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015

Comme Téphras (2008), Unphras (2010), Gradiva (2010) ou encore Mu(t) (2011), le triptyque qu’elle a réalisé pour l’établissement coutançais se compose d’impressions numériques couleurs. Celles-ci prennent la forme de onze vues microscopiques, choisies dans la photothèque du Centre National de Recherche Scientifique (CNRS). Elles représentent des matériaux - pierre, bois, métal, ciel et végétaux visibles par les fenêtres - ainsi que des couleurs - ocre, brun, vert, bleu, gris - présents dans la salle polyvalente.

<em />Polarized</em> (détail), Florence Girardeau © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015

Ces vues ont été découpées en fines lamelles, puis collées les unes contre les autres sur trois plaques de verre. Le dessin créé par les collages forme ainsi un jeu de vides et de pleins.
Les trois éléments ont été installés en novembre 2014 à des hauteurs différentes, devant les vitres est, sud et sud-ouest de la chapelle.

Inscrite dans un ancien lieu spirituel reconverti en lieu d’étude et de travail, la composition de cette œuvre « reflète ces activités de la pensée, de la réflexion, tel un électro-encéphalogramme ».
Elle interroge l’échelle de notre perception - en hauteur, elle ne peut faire l'objet d'une observation minutieuse, qui serait par ailleurs mise à mal par la fragmentation des vues - ainsi que celle de notre connaissance - elle représente des éléments invisibles à l’œil nu, ici révélés par le microscope.

<em />Polarized</em> (détail), Florence Girardeau © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015 <em />Polarized</em> (détail), Florence Girardeau © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015 <em />Polarized</em> (détail), Florence Girardeau © Région Basse-Normandie – Inventaire général – Manuel de Rugy, 2015

Cette œuvre croise ainsi les disciplines des sciences et de l’art.
D'où son titre, « Polarized ». Selon les mots de l'artiste, ce terme « fait référence à la technique scientifique de fabrication de ces images. En effet, sept des onze images ont été réalisées au microscope optique à lumière polarisée. En français, “polarisé” peut également signifier un point d’attirance, de convergence ou le fait de se fixer, se concentrer en un ou plusieurs points. En anglais, la consonance « rized » évoque une ascension.
La pièce et son titre soulignent le rapport à la lumière. Les ombres colorées sont fonction de l’intensité de celle-ci, et de la position du soleil. L’œuvre est aussi en mouvement, dans la tradition du vitrail. Par ailleurs, elle est une évocation, un report du paysage extérieur, donné à voir à l’intérieur.
».


A CONSULTER :
- Présentation de Polarized sur le site Internet de Florence Girardeau
- Présentation de Polarized sur le site Internet du CNRS Images